L’édition ERUS 2024 qui s’est tenue à Bordeaux du 11 au 13 septembre vient donc de s’achever.  La 21ème édition de l’EAU Robotics Meeting a battu tous les records de fréquentation :  

Elle a réuni plus de 950 participants venus du monde entier.  

Organisé par L’EAU, l’association européenne d’urologie, les sessions sont annuelles et se déroulent dans différents pays d’Europe.  

Bordeaux avait été choisi cette année, Londres a été retenu pour l’édition 2025. 

Bien que ce soit une réunion au départ européenne, la qualité des sessions et des intervenants rend cet événement incontournable et sa dimension dépasse évidemment largement les frontières de l’Europe. Ce sont Les meilleurs chirurgiens urologues européens mais également d’Inde, du Brésil ou encore des États-Unis qui se sont rendus à Bordeaux pour assister pendant 3 jours à des conférences et des opérations en direct dite “live surgery 

Les opérations chirurgicales- qui étaient également projetés au palais des Congrès de Bordeaux – ont été effectués dans les blocs soit du centre hospitalier universitaire de Bordeaux soit, le plus souvent, de la clinique Elsan Saint Augustin, Elles étaient commentées en temps réel par le chirurgien lui-même et le panel d’experts.

Un chirurgien urologue italien opérant à la clinique Saint-Agustin une prostatectomie radicale et diffusion en direct.

 

Ainsi les docteurs Richard Gaston, Jean-Luc Hoepffner, Jean-Baptiste Roche, Hugo Lopez et Grégory PIERQUET du Groupe urologique Saint-Augustin sont intervenus dans le cadre des “live surgery”. 

Les opérations dites de live surgery où les urologies réunis assistent en direct aux interventions chirurgicales. Ici deux interventions, une assistée par un robot Da Vinci (Intuitive) et l’autre par un robot Hugo (Medtronic).

 

Une première : la téléchirurgie à distance 

La session a été l’occasion d’exposer les fondements technologiques de la télé chirurgie par M. Mischa Dohler, vice-président des technologies émergentes chez Ericsson Inc et expert en 5G/6G, AR et IA générative. Il a expliqué le « jeu de l’écosystème » et la manière dont les facteurs de la télé chirurgie pouvaient être classés. Le débit de données, la latence aller-retour et les niveaux de service de la connexion pouvaient chacun être classés en trois catégories, conduisant à des notations telles que AAA, BAA, ABB, etc. Cadre  indispensable pour répondre aux exigences réglementaires en vue d’une généralisation d’actes de télé chirurgie. 

Bien que la 5G soit souvent citée comme une avancée clé pour rendre la télé chirurgie possible, il s’agit en fait principalement d’une solution de repli (obligatoire) pour les connexions par fibre optique.  

« La télé chirurgie a le potentiel d’égaliser les disparités géographiques en matière de soins de santé », a déclaré le professeur Patel, donnant des exemples de gouvernements de pays à faible revenu investissant dans des systèmes robotisés et la télé chirurgie pour accélérer l’adoption et la formation (à distance) des chirurgiens et du personnel. 

Afin de mieux guider les efforts mondiaux pour parvenir à une télé chirurgie fiable et durable, le professeur Patel a présenté le Telesurgery Collaborative Community Working Group, qui regroupe des experts de premier plan de différentes sociétés scientifiques (dont l’ERUS). Il a également fait référence aux « dix commandements de la téléchirurgie » qui ont été élaborés pour fournir des lignes directrices pour l’adoption éthique de la télé chirurgie. 

Il a été souligné le potentiel éducatif de la télé chirurgie, avec des chirurgiens expérimentés prenant le relais au milieu de la procédure pour guider leurs juniors ou effectuer une certaine étape difficile  avant de souligner qu’il s’agissait d’un domaine nouveau dans la littérature. Il n’existait aucun article évaluant le rôle de la télé chirurgie dans l’amélioration de la formation robotique. 

La séance s’est terminée par une autre table ronde. Le professeur Declan Murphy (Melbourne, AU) a observé des avantages évidents en termes de disponibilité pour les chirurgiens : ils ne sont plus limités par les défis logistiques et le temps passé en transit. En libérant les chirurgiens de cette contrainte, ils pourraient bénéficier du télé-mentorat, c’est-à-dire de la formation de collègues novices à l’étranger dans le cadre d’une journée de travail normale. Ceci se place dans le prolongement de ce que font actuellement les chirurgiens du Groupe Urologique Saint-Augustin lorsqu’ils interviennent à l’étranger (Inde, Brésil, Hongrie,… ) pour former ou parfaire la formation d’autres chirurgiens urologies.

La prochaine étape est la combinaison des développements rapides dans les technologies de communication, ainsi que d’une nouvelle génération de robots abordables produits en Chine et adoptés dans des pays qui n’ont actuellement pas de systèmes robotiques ou de chirurgiens qualifiés.

Enfin le clou de la session 2024 a été la chirurgie en direct mais cette fois-ci très distantes : d’abord par le professeur Alberto Breda, président de l’ERUS -une première historique pour un événement de l’EAU- une télé chirurgie de Bordeaux sur un patient à Pékin, à plus de 8 700 km de distance puis par le docteur Gaston à partir des locaux du Groupe urologique Saint-Augustin de Bordeaux.

le docteur Richar Gaston (groupe urologique Saint-Augustin) opérant à distance un patient à 8.700 kilomètres.

Le docteur Richard Gaston (groupe urologique Saint-Augustin) opérant à distance un patient à 8.700 kilomètres (Beijing) à partir d’un console de fabrication chinoise « Edge« 

Presque 23 ans exactement après la célèbre et pionnière opération “Lindbergh” (en référence à la traversée de l’Atlantique par Lindbergh) entre Strasbourg et New York, réalisée par le professeur Marescaux – mais peu médiatisée en raison de la survenue tragique et concomitante des attentats du 11 septembre – la France se retrouve à nouveau à l’avant-garde d’une révolution chirurgicale à venir.  

L’adoption de systèmes robotiques sophistiqués et matures et les énormes progrès des télécommunications rendront désormais la télé chirurgie non seulement possible mais courante dans les décennies à venir, prévoient les experts. De nombreuses applications sont prévues, de la chirurgie à distance simple aux cas d’utilisation collaboratifs (plusieurs chirurgiens, plusieurs sites) ou de formation (mentorat, démonstrations). 

Depuis une précédente expérience relatée dans une revue et organisé entre Zurich et la Chine sur un porc, le temps de latence a été divisée par deux. 

L’ensemble des chirurgiens du groupe Urologique Saint-Augustin a été très fier et honoré de la confiance qui leur a été portée par l’ensemble de leurs pairs lors de ce bel évènement réalisé en parfaite coordination avec le service urologique du CHU de Bordeaux.